Portrait de la semaine : Joseph Ferdinand Cheval

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Aujourd’hui : la chronique histoire « Le portrait de la semaine » sur Joseph Ferdinand Cheval
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Portrait de Joseph Ferdinand Cheval

Le 19 avril 1836, Joseph Ferdinand Cheval, plus connu sous le nom de Ferdinand Cheval ou encore du facteur Cheval, naît à Charmes-sur-l’Herbasse, un petit village proche de Hauterives dans la Drôme. Il est notamment célèbre pour l’édifice de son « Palais idéal » qu’il a mis 33 ans à construire. Cette semaine, je vous propose de plonger dans la vie de cet homme, que l’on connaît assez peu malgré les chefs d’œuvres qu’il nous a laissés. 

Joseph Ferdinand naît dans une famille paysanne. Il ne fréquente que peu l’école, maîtrise mal le français et se met à travailler assez vite aux côtés de son père. Sa mère décède alors qu’il est âgé de 11 ans. A 13 ans, il devient apprenti boulanger. A la mort de son père, il laisse la ferme familiale pour devenir boulanger. Il a alors 23 ans. C’est son oncle maternel qui s’occupera de lui. Joseph Ferdinand épouse Rosalie Revol, tout juste âgée de 17 ans, en 1858. Il naitra de cette union Victorin, en 1864. Malheureusement, leur enfant meurt un an plus tard. Ce qui bouleversera Rosalie et Ferdinand. Celui-ci décide d’abandonner la boulangerie pour devenir ouvrier agricole, profession qu’il abandonnera lors de la naissance de leur deuxième enfant, Cyril, en 1866. 

Ferdinand occupe donc plusieurs métiers avant de devenir facteur en juillet 1867, à 31 ans. En 1873, Rosalie décède. Cyril est confié à son parrain et à sa marraine. 

Ferdinand est affecté à plusieurs bureaux de postes différents dans la région. A sa demande, il est finalement muté à Hauterives jusqu’à sa retraite où il aura la charge de la tournée de la Tersanne. Chaque jour, il parcourt une trentaine de kilomètres. Il se remarie en 1878 avec Marie-Philomène Richaud, veuve également. 

C’est l’année 1879 qui va tout changer pour Ferdinand. Le 19 avril, âgé de 43 ans, durant sa tournée, une pierre qu’il appelle sa « pierre d’achoppement » le fait chuter. Il raconte dans un de ses cahiers que c’est cette roche qui lui déclencha un déclic. Pendant une dizaine d’années, il avait bâti en rêve un palais, un château, des grottes lors de ses tournées. Il n’avait jamais osé le dire par peur qu’on se moque de lui. Mais cette roche, à la forme si étrange, lui avait rappelé ces souvenirs-là. Il la ramène chez lui le soir. Le lendemain, il retourne au même endroit. Il choisit les plus belles et les ramène. La même année, sa fille Alice-Marie naît. 

Ferdinand est pris pour un fou par son voisinage. En effet, durant sa tournée, il met des pierres de côté qu’il retourne chercher avec sa brouette, le soir. Il appelle sa brouette « sa fidèle compagne ». Il commence alors la construction de son Palais idéal chaque nuit, à la lueur de sa lampe à pétrole. Il lui faudra 33 ans pour construire son Palais, pierre par pierre. Il les mêle à de la chaux, du mortier, du ciment, et des coquillages rapportés par son cousin. Ferdinand s’inspire de la Bible, de la mythologie hindoue et égyptienne. Il est inspiré par ce qu’il voit sur les cartes postales qu’il distribue, et qui ont commencé à se développer en 1873 en France. Il met 20 ans à construire la façade Est. Puis il construit la façade Ouest qui est beaucoup plus organisée et rigoureuse. Enfin, il termine les façades Nord où l’on retrouve des grottes et des animaux, et Sud qui était à l’origine destinée à stocker les pierres qu’il ramenait. Il achève son Palais en 1912 à 76 ans. Il mesure 10 mètres de haut sur 26 mètres de long et 14 mètres de large. 

Photo du Palais Idéal du facteur Cheval

La vie de Joseph Ferdinand est marquée par les deuils successifs. Après avoir perdu ses parents, sa première femme et son premier fils, il perdra Alice en 1894. Après la mort de sa fille qui a seulement 15 ans, il construit la villa Alicius, proche de son Palais, en son hommage l’année de son décès. Il s’y installe avec son épouse Marie-Philomène qui décèdera en 1914. Il y vivra seul jusqu’à la fin de ses jours. En 1914, puisqu’il ne peut être inhumé dans son Palais, il commence la construction de son tombeau au cimetière du village de Hauterives qu’il nomme « Le Tombeau du silence et du repos sans fin ». Il l’achève 8 ans plus tard, en 1922. Son fils décède cette même année.  

Joseph Ferdinand Cheval meurt le 19 août 1924 à l’âge de 86 ans. 

Aujourd’hui, le Palais idéal du facteur Cheval est connu dans le monde entier et suscite l’admiration de tous. Ses deux petites filles, les filles de Cyril, ont géré le site après la mort du facteur Cheval. En 1984, l’une d’elle, qui n’a pas de descendants, lègue sa part du Palais à la commune de Hauterives. Sa sœur vendra quant à elle sa part dix ans plus tard à la même commune. Depuis 1994, le Palais idéal appartient donc à la Ville de Hauterives.  

Le 2 septembre 1969, à la demande de André Malraux, le ministre des Affaires culturelles Edmond Michelet fait du Palais idéal un monument historique, malgré l’opposition rencontrée au sein du gouvernement. De grands artistes tels que Picasso, Breton, Tinguely ont reconnu et admiré le travail de Joseph Ferdinand Cheval. Le peintre Max Ernst lui dédiera même un tableau qu’il nommera « le Facteur Cheval ». L’architecte Alain Duperron conçoit pour la quatrième biennale d’art contemporain de Lyon en 1997, « l’autre », une maquette au 1/10e du Palais. 

Malgré ses origines modestes, le facteur Cheval est considéré comme le précurseur mondial de l’art brut. Le terme d’art naïf est inventé après lui pour désigner les œuvres de personnes autodidactes. Son rêve est finalement devenu réalité. 

Eve Poulallion

Lorsque cette période compliquée sera terminée, toute l’équipe du CQFD vous encourage très fortement à aller voir ce monument au détour d’une promenade. Ça vaut vraiment le coup d’œil (plus d’infos ici).

Sources : 

INA, France culture, Wikipedia, AC presse, Site du monument du facteur cheval