Portrait de la semaine : Molière

LES CHRONIQUES DU CQFD : chaque semaine retrouvez des chroniques sur le site du CQFD.
Aujourd’hui : la 6ème chronique histoire « Le portrait de la semaine » sur Molère
.

Le nom de Molière est connu de tous. Ce fameux dramaturge et comédien du XVIIe siècle nous a laissé de nombreuses pièces plus célèbres les unes que les autres. Mais quelle vie cet homme a-t-il menée ? Comment a-t-il marqué son époque et la nôtre ? C’est ce que je vous propose de découvrir cette semaine.

La date de naissance de Jean Baptiste Poquelin est, aujourd’hui encore, incertaine. Ce dont on est sûr, c’est qu’il a été baptisé le 15 janvier 1622, à l’Eglise Saint Eustache de Paris. Il est donc né quelques jours avant cette date. Initialement né Jean Poquelin, il sera rebaptisé Jean Baptiste à la naissance de son frère, Jean, en 1624. Il est le fils de Marie Cressé et Jean Poquelin. La famille bourgeoise habite dans le quartier très peuplé des Halles. Son père tient un commerce de marchand tapissier rue Saint Honoré. Les deux grands-pères de Jean Baptiste exercent cette même profession à quelques rues du commerce de Jean. Jean devient tapissier du roi Louis XIII dans les années 1630. En 1631, Jean Baptiste perd sa mère, probablement à cause des six grossesses qu’elle a supportées, entre 1622 et 1628. Elle ira au terme de seulement trois de ses grossesses. Jean Poquelin se remarie avec Catherine Fleurette, qui mourra en 1636 après avoir eu trois enfants.

Il n’y a pas de document qui atteste de manière fiable des études qu’à suivi Jean Baptiste. Néanmoins, plusieurs écrits se rejoignent sur une partie de son parcours. Ce qui suit ne peut être donc pris comme totalement fiable.

En 1635, il serait entré au collège jésuite de Clermont, actuel prestigieux lycée Louis le Grand. N’ayant aucun goût pour la profession de marchand tapissier, il serait parti suivre des études de droit à Orléans. Il serait devenu avocat en 1641, mais il n’aurait jamais utilisé ce titre. Aucun document n’atteste d’ailleurs du fait qu’il ait même reçu le diplôme. De nombreux passages dans ses pièces témoignent néanmoins d’une connaissance précise de la justice, tant au niveau des procédures que des règlements.

En 1643, Jean Baptiste devient majeur, la majorité étant à 21 ans au XVIIe siècle. Il touche une importante partie de son héritage maternel. Il part s’installer dans le Marais, non loin de la famille Béjart. A cette époque, il fréquente Madeleine Béjart (et ce jusqu’en 1662), une comédienne déjà reconnue. Le 30 juin, devant notaire, il s’associe avec neuf camarades dont trois aînés de la fratrie Béjart (Joseph, Madeleine et Geneviève) et fonde une troupe de théâtre au nom de l’Illustre Théâtre. Il prend en 1644 le surnom Molière (toujours orthographié sans accent par Jean Baptiste). A l’époque, les comédiens prenaient souvent des pseudonymes pour épargner la honte à leur famille. En effet, l’Eglise catholique considérait les acteurs comme des êtres dépravés et leur refusait d’être enterrés dans un cimetière. Molière n’a jamais expliqué son choix d’alias. La troupe n’a pas de succès et est criblée de dettes. Pour cette raison, Molière est emprisonné au Châtelet. Son père réussira à le faire sortir. Il quitte ensuite Paris à l’automne 1645. Une petite quinzaine de troupes itinérantes parcourent la France à cette époque pour partager leur théâtre. Mais la vie de comédien reste difficile, car même si Louis XIV, à l’initiative de Richelieu, rend leur dignité aux comédiens en les légitimant, l’Eglise, elle, continue dans de nombreuses villes à interdire l’art théâtral. Certaines troupes sont privilégiées et bénéficient d’une protection d’un seigneur. C’est le cas de la compagnie du comédien Charles Dufresne, qui est entretenue par les ducs d’Epernon, gouverneurs de Guyenne. Molière et les Béjart rejoignent cette troupe dont Molière prendra la direction en 1650. Au total, il en aura fait partie pendant plus de 13 ans. En 1655, Molière devient auteur dramatique. Il écrit l’Etourdi ou Les Contretemps, une comédie qui sera jouée à Lyon et où il exploite les procédés typiques de la commedia dell’arte. Ce genre de théâtre populaire italien où les acteurs portent des masques se caractérise par un jeu scénique codifié. On retrouve, parmi ses caractéristiques typiques, le lazzo (acrobatie verbale et gestuelle), le quiproquo et l’humour bouffon. Pendant cette période, Molière écrit des farces, dont Le Docteur Amoureux. En 1656, il écrit le Dépit amoureux.

En 1658, Molière regagne Paris. Il a alors 36 ans. Ses compétences d’acteur comique et d’auteur dramatique font qu’il reçoit la protection de Philippe d’Orléans, dit « Monsieur », frère unique du roi Louis XIV, avec ses camarades comédiens. Le 24 octobre, la troupe se produit devant Louis XIV, Anne d’Autriche, Mazarin et les comédiens de l’hôtel de Bourgogne. Ils jouent Nicomède de Corneille, puis Le Docteur amoureux. Cette pièce plaira beaucoup au roi qui accorde à la troupe le droit de partager avec les Comédiens-Italiens la salle du Petit Bourbon. La « Troupe de Monsieur » joue d’anciennes pièces, mais aussi des pièces nouvelles que Molière écrit et qui auront du succès auprès du public. Dufresne prend sa retraite, et Molière devient donc l’unique directeur de la troupe. Avec Les Précieuses ridicules en 1659, les talents de comédien et de dramaturge de Molière sont reconnus par tous. Il invente la comédie ballet en 1661 avec Jean-Baptiste Lully, surintendant de la musique du roi. L’Ecole des maris sera jouée cette même année.

En janvier 1662, Molière qui a 40 ans épouse Armande Béjart, âgée d’une vingtaine d’années. Elle serait la sœur de Madeleine Béjart. Cependant, la grande différence d’âge entre les deux sœurs pose question. Certains contemporains pensent qu’Armande n’est autre que la fille de Madeleine et Molière. Le mariage fait couler beaucoup d’encre, car la jeune Armande se faisait courtiser, ce qui rendait Molière très jaloux. Leur union donnera naissance à quatre enfants. L’année 1662 verra également la naissance de la quatrième grande comédie de Molière, L’Ecole des femmes. Les questions importantes abordées dans cette pièce (le mariage, l’éducation des filles) tranchent avec les thèmes habituels de Molière qui sont la farce et la comédie. Elle agacera certains auteurs concurrents et choque les traditionnalistes. La pièce connait un énorme succès, mais aussi une longue polémique.

En 1664, Tartuffe est joué pour la première fois à Versailles sous le nom Le Tartuffe ou l’Hypocrite. Dans cette pièce, il critique l’hypocrisie religieuse. Elle fait évidemment scandale. La pièce est interdite par le roi sous la pression de l’archevêque de Paris.

En 1665, le roi Louis XIV prend officiellement Molière sous sa protection et attribue à la troupe le titre de troupe du roi. Il écrit la pièce Dom Juan, qui a un succès incroyable pendant cinq semaines. Mais malheureusement, les détracteurs de Molière sont toujours présents et la pièce prônerait l’athéisme. La pièce est retirée avant que des pamphlets puissent être publiés.

Molière écrira et jouera de nombreuses pièces. Parmi elles, on peut citer Le Misanthrope (1666), L’Avare (1668), Le Bourgeois gentilhomme (en collaboration avec Lully, 1670), Les Fourberies de Scapin (1671) et Les Femmes savantes (1672). Ces pièces signeront l’apogée de sa carrière.

En 1673, il écrit Le Malade imaginaire. A cette époque, Molière était atteint de la tuberculose. Lors de la quatrième représentation de la pièce, il est pris d’un malaise sur scène. Transporté d’urgence chez lui, il y meurt d’une hémorragie. Il ne peut, comme il le souhaitait, recevoir les derniers sacrements, car il n’a pas abjuré sa profession de comédien. Molière aurait dû finir dans la fosse commune, mais Armande a tout fait auprès du roi et de l’archevêque pour qu’il ait le droit à une sépulture décente, en justifiant du fait qu’il était un bon chrétien. Molière est enterré de nuit le 21 février au cimetière Saint Joseph, entouré de nombreux amis sans aucune cérémonie. En 1804, le mythique cimetière du Père Lachaise est créé. En 1817, la dépouille de Molière y sera transférée.

Eve Poulallion

Sources :

Dictionnaire des noms propres

@lalettre

Etudes littéraires

Lumni

Zig Zag

Wikipedia

Retrouvez les autres chroniques du CQFD :