Portrait de la semaine : Nicolas Copernic

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Aujourd’hui : la chronique histoire « Le portrait de la semaine » sur Nicolas Copernic
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Nicolas Copernic est un scientifique que l’on connaît tous. Nous parlons de lui dans nos études comme celui qui a fondé la théorie de l’héliocentrisme. Mais que sait-on réellement de la vie de ce scientifique ? Je vous propose cette semaine de découvrir la vie et les travaux de ce scientifique polonais, génie de son époque.

 »Astronome Copernic ou conversations avec Dieu » Jan Matejko , 1872

Nicolas Copernic est né en Prusse (royaume de Pologne), dans la ville de Toruń, le 19 février 1473. Il est le cadet d’une fratrie de trois frères et sœurs. Il vient d’une famille bourgeoise avec un père négociant en cuivre devenu échevin, magistrat nommé par un seigneur pour faire régner la loi sur ses terres. Nicolas est initié dès son plus jeune âge aux arts, à la musique et aux belles-lettres. Il fréquente l’école paroissiale de l’église Saint-Jean de Toruń.

L’oncle maternel de Nicolas qui est évêque, Lukas Watzenrode, le prend en charge à la suite du décès de son père en 1483. Il souhaite qu’il ait une éducation exemplaire et qu’il entre dans les meilleures écoles. En 1491, à l’âge de 18 ans, il intègre l’Université Jagelonne de Cracovie où il étudie les arts libéraux. Les arts libéraux sont au nombre de sept : dialectique, grammaire, rhétorique, arithmétique, astronomie, géométrie et musique. Ces arts sont ceux dans lesquels le travail intellectuel est dominant. Il reste à l’université quatre ans, trop peu pour obtenir un diplôme. Son oncle le fait élire chanoine de Frauenburg. Le chanoine est un clerc tenu à l’office du chœur, et qui reçois parfois un revenu fixe.

Mais Nicolas part en Italie en 1496 pour étudier à l’université de Bologne le droit canonique (religieux) puis civil. Il étudiera également la médecine et la philosophie. Beaucoup de polonais des rangs sociaux les plus hauts quittent la Pologne pour étudier en Italie, c’est une pratique commune de cette époque. Nicolas vit chez Domenico Maria de Novara, professeur de mathématiques et astronome. Il est un des premiers à avoir remis en cause les travaux de géographie de Claude Ptolémée (né vers 100 en Egypte). Ptolémée plaçait la Terre au centre de l’Univers. Nicolas et Domenico observent régulièrement les éclipses et les occultations d’étoiles par la Lune. Ils font la première observation dont nous avons connaissance de l’occultation de l’étoile d’Aldébaran par la Lune, le 9 mars 1497. En 1500, Copernic donne une conférence sur l’astronomie à Rome et y observe une éclipse partielle de Lune. L’année d’après, il part étudier la médecine à l’université de Padoue. Pour l’anecdote, Galilée y enseignera une centaine d’année plus tard. A cette époque, il est commun de rentrer étudier une matière à l’université et de ressortir avec un diplôme d’une autre discipline. Copernic ne terminera pas ses études de médecine mais obtient donc un doctorat en droit canonique à Ferrare en 1503. Il retourne dès lors en Pologne.

Jusqu’à 1510, il vit dans le palais épiscopal de son oncle de Heilsberg. Ce palais est la demeure d’un évêque. Elle est généralement proche d’une cathédrale. Copernic y assistera l’administration du diocèse et deviendra également le médecin personnel de l’évêque. Après la mort de son oncle, il soigne deux de ses successeurs, des gens du peuple et d’autres personnalités, ce qui prouve que Nicolas était reconnu, même sans l’appui de son oncle. Copernic ne va pas lui succéder, comme ce dernier l’aurait voulu, mais il reste impliqué dans son travail de chanoine de l’évêché de Warmie (institution politique et religieuse). L’évêché et la plus petite communauté qui puisse être appelée « Eglise ». En 1520, la Warmie est envahie par les chevaliers teutoniques. Ils forment le troisième grand ordre de chevalerie religieuse et militaire issu des croisades. L’ordre est fondé en 1128 à Jérusalem et est initialement un ordre hospitalier voué au soulagement des Croisés malades ou blessés. Nicolas devient temporairement le commandant militaire d’Olsztyn jusqu’à la fin des conflits. Il écrit à Olsztyn un Essai sur la frappe de la monnaie, inspiré par la crise qui touche le pays. Après l’astronomie, le sujet qui le passionnait le plus était l’économie.

Ayant appris le grec et le latin en Italie, Copernic traduit une œuvre en grec d’un écrivain byzantin du VIIe siècle, Theophylactus de Simocatta, en latin. Il devient le premier polonais à publier en Pologne une traduction d’un auteur grec.

Nicolas Copernic observe le ciel depuis la tour de la cathédrale de Frauenburg. Il est persuadé qu’il faut abandonner le modèle géocentrique de Ptolémée au profit d’un modèle héliocentrique. Il rédige sa théorie dans le traité De hypothesibus motuum coelestium a se constitutis commentariolus (qu’avec mes années de latin je pourrais traduire approximativement par « petit commentaire des hypothèses sur les mouvements du céleste à partir de leurs dispositions »). Il fait circuler des exemplaires manuscrits à quelques amis. Il ne sera publié qu’au XIXe siècle.

Pendant 36 ans, Copernic garde sa pensée secrète. On pense d’ailleurs que c’était plus à cause du manque de rigueur scientifique que par peur de l’Eglise. Il rencontre en effet des difficultés insurmontables. Pour n’en citer qu’une, à l’époque, tout le monde pense que les planètes ont des orbites circulaires, or elles sont elliptiques, faussant tous les calculs. Kepler découvrira cela en 1609, soit près d’un siècle plus tard et améliorera la théorie de Copernic.

Il achève en 1530 De revulutionibus orbium coelestium (« Des révolutions des sphères célestes »). En 1533, les hypothèses de Copernic arrivent aux oreilles du Pape Clément VII et les collègues de Copernic le pressent de publier son manuscrit.

Ce n’est qu’en 1543 que l’ouvrage est finalement publié par un imprimeur de Nuremberg, au moment même de la mort de Nicolas Copernic. On raconte que ce dernier aurait eu l’occasion de voir un exemplaire quelques heures avant sa mort.

Nicolas Copernic meurt le 24 mai 1543 à Frauenburg. Il est enterré dans la cathédrale. Ses restes n’ont été identifiés qu’en 2008, grâce à des prélèvements ADN d’un cheveux dans un livre et des ossements retrouvés à Frauenburg en 2005.

Si de son vivant Copernic n’a jamais été inquiété par l’Eglise, De revolutionibus orbium coelestium est tout de même interdit en 1616, en même temps que la thèse de Galilée. Le texte sera banni jusqu’en 1835.

Entre 1543 et 1600, il n’y a que très peu d’adeptes des théories coperniciennes. Ses plus célèbres partisans ne sont nuls autres que Galilée et Kepler. Après la censure des travaux de Copernic, de nombreux jésuites demeurent en secret des partisans à la théorie de Copernic. A la fin du XVIIe siècle, quand Isaac Newton créé la mécanique céleste, la plupart des scientifiques anglais, français, néerlandais et danois adoptent la théorie de Copernic. Dans d’autres pays européens en revanche, les penseurs restent très fermement opposés à sa théorie pendant plus d’un siècle.

La pensée novatrice de Nicolas Copernic a profondément changé la science, la philosophie et la religion. Les conséquences de cette théorie se nomment « révolution copernicienne ». Les travaux du savant polonais sont aujourd’hui reconnus de tous et nous sont même enseignés à l’école. En 2013, pour fêter le 540e anniversaire de la naissance de Copernic, Google a changé temporairement son logo, pour un système solaire, celui-là même que Copernic a décrit dans son révolutionnaire De revolutionibus orbium coelestium.

doodle google copernic

Eve Poulallion

Sources :

Sciencepost, Futurasciences, Astrofiles, Sciences et Avenir; Le Nouvel Obs, Cosmovisions

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