STALKER, le test

« Mais que fait le CQFD pendant ses vacances ? » vous vous demandez ? Eh bien, le CQFD je ne sais pas, mais perso je joue. A quoi ? A plein de trucs, et pour l’article d’aujourd’hui, on va parler de STALKER : Shadow of Chernobyl. Ou l’ombre de Tchernobyl dans la langue de Molière, SoC pour les initiés.

Stalker ? On incarne un obsédé ?

Du tout ! STALKER s’écrit en majuscules parce que c’est l’acronyme de Scavengers, Trespassers, Adventurers, Loners, Killers, Explorers and Robbers, bref, des gens charmants et sympathiques, le genre à se trimballer avec une AK dans la boîte à gants.

Il s’agit d’un jeu sorti en 2007 et développé par le studio ukrainien GSC, qui a par la suite continué la série avec Clear Sky et Call of Pripyat, dont je vous toucherai un mot plus loin. Vu l’âge honorable de la bestiole, ça devrait tourner sur la majorité de vos configs et croyez-moi, il en vaut le coup.

Que fait-donc notre brave aventurier pilleur solitaire ?

Une cinématique d’intro plutôt stylée (pour l’époque) nous présente notre personnage ballotté dans un camion rempli de cadavres, avant qu’un éclair n’envoie ledit camion dans le décor et vous avec. Récupéré par un brave aventurier, vous êtes ramené au marchand local qui découvre, en regardant votre PDA (les prédécesseurs des smartphones), que votre objectif est manifestement de tuer un certain Strelok.

Une fois le contrôle retrouvé sur votre personnage, vous aurez la joie de remplir des tâches variées pour le marchand et d’autres personnages, pour qu’ils vous aident à retrouver ce fichu Strelok et lui coller une balle dans la tête (ou pas).

Quel est le rapport avec Tchernobyl ?

Le jeu tire son univers de Pique-nique au bord du chemin, un roman de science-fiction soviétique, et du film adapté du livre, lequel s’appelle STALKER tout court ; mais en déplaçant les évènements dans la fameuse zone autour de l’ex-centrale et en rajoutant une embrouille presque crédible au vu de l’historique des Soviétiques en la matière.

Vous allez donc randonner dans une région truffée d’anomalies, à savoir des points où les lois conventionnelles de la physique ne s’appliquent plus : gravité qui s’emballe, combustion spontanée, gaz acide sorti de nulle part, plus évidement des kilomètres de terres irradiées ; ce qui donne au jeu un fond sonore très particulier : la musique n’est pratiquement pas présente, la majorité des sons provenant soit de vos détecteurs (Geiger et son crépitement, détecteur d’anomalies et son bip insupportable), soit de votre environnement (éclairs, cris de chiens, de mutants, jurons russes des divers habitants de la zone).

La capture rend plus laid que le jeu n’est mais l’idée est là : promenade en solitaire dans les bois sur fond de radioactivité. Sortez toujours avec votre seringue d’anti-rad les enfants !

Et on en vient à la principale réussite de SoC : son ambiance. Elle prend à la gorge. Vous oublierez très vite les graphismes un peu vieillots, parce qu’ils sont impressionnants malgré tout. Combinés à la bande son et à l’alternance habile de phases de marche solitaire et d’action intense, d’usines, de fermes et de régions plus sauvages, entre nature et urbain en ruine, vous serez plongés dans l’univers au point de sentir un frisson de soulagement en atteignant enfin le bar et sa radio crachotante.

Et la jouabilité ?

STALKER se joue dans une région en ruines, et les armes sont à l’avenant, au moins au début. Préparez-vous à utiliser les fleurons de la technologie soviétique des années 70, saupoudrés d’armes occidentales retirées du marché pour cause de fiabilité insuffisante ; néanmoins, vu l’épaisseur de vos premières armures (niveau « veste de pluie de chez Décathlon »), vous arriverez à faire des ravages avec quand même.

Le gameplay de STALKER, donc, c’est tuer ou être tué. Pas de négociation, pas d’armure invincible qui mange des centaines de balles sans ciller ; dans la plupart des combats votre vie est en jeu et vous avez intérêt à viser bien.

Bien sûr, vu l’état de votre équipement, vous voudrez vous jeter sur chaque nouvelle arme que vous trouverez, mais l’inventaire est géré au poids et tout (sauf l’argent) pèse un peu. Au point que vous devrez souvent faire des choix : jeter des pansements ? L’armure de remplacement ? Les artefacts coûteux que vous avez ramassés et dont vous espériez tirer une belle somme ?

Attaque d’une base des bandits. Notez que l’IA a une fâcheuse tendance à contourner et à venir par là où on ne l’attend pas. Si vous savez parler russe, n’hésitez pas à commenter pour nous dire ce qu’ils hurlent !

C’est donc un peu de tir (mais intense), des bouts de jeu de rôle (sous forme de petites quêtes : tuer tel bonhomme, récupérer tel objet, sauver tel bonhomme), et de la survie (gérer ses stocks de balles, de nourriture, d’armes – qui s’usent, gni ! Utiliser un fusil puissant et tuer facilement mais l’user rapidement ou prendre une arme pourrie pour l’économiser… ?)

Embuscade et la conversation qui s’ensuit, pour montrer les éléments de jeu de rôle de Stalker.

Des défauts notables ?

Ce jeu n’est pas fini. Enfin il est fini, mais clairement à l’arrache. Il aurait dû sortir en 2001 et faire un malheur ; il est sorti 6 ans plus tard avec des fonctionnalités imparfaitement enlevées. Par exemple, vos armes et armures s’usent… mais aucun personnage dans le jeu ne peut les réparer, parce qu’ils ont été coupés au montage. Clairement le plus gros défaut du jeu. Parce que du coup, on a de l’argent… et rien à faire avec.

C’est le seul détail qui rend fou, et ça sera réglé par son successeur, Clear Sky. Notez d’ailleurs que Clear Sky ressemble beaucoup à une version finale de SoC, étant donné que votre objectif ultime dans cet opus est de… tuer Strelok. LOL.

Vous repasserez également dans des environnements similaires, mais Clear Sky se distingue de son grand frère par deux points : d’une, il est DUR. Nettement plus que le premier. La réparation et l’amélioration des armes donnent un poids démesuré à l’argent, et un subtil changement dans les règles de saignement rend votre personnage beaucoup plus sensible aux hémorragies. Combiné à une nette augmentation des combats contre des humains, ça donne un cauchemar capitaliste dans lequel vous tuez pour gagner du cash afin de pouvoir vous soigner et vous réparer et pouvoir tuer plus de trucs plus facilement. Préparez-vous à de longues randonnées dans la nature pour ramener au camp les armes abandonnées par les ennemis ! Avec toujours le système de poids bien sûr.

Et d’autre part, Clear Sky a un scénario beaucoup moins impressionnant. Néanmoins, l’amélioration graphique renforce encore le jeu, surtout l’éclairage dynamique. « Tiens, c’est quoi ces yeux rouges en pleine nuit ? »

Finalement, l’ultime bébé de la série reste peut-être son plus réussi. Call of Pripyat dispose d’un vrai scénario et d’une difficulté débordant moins sur la stupidité ; l’environnement est encore plus vivant (notamment, le jeu sera plus ou moins dur selon les choix que vous ferez, les ennemis changeront et la fin du jeu également), et beaucoup plus varié (vous quittez enfin la région des deux premiers opus pour explorer une nouvelle zone au nord de la centrale).

En conclusion ?

Jouez à ce jeu si vous aimez éprouver vos réflexes, l’urbex, avoir peur à petites doses (vous aurez peur jusqu’à ce que vous transformiez le monstre qui vous guette dans l’ombre en chair à pâté), et l’architecture soviétique.

Jeu à retrouver ici : https://www.gog.com/game/stalker_shadow_of_chernobyl