Ecologie, environnement… mais qu’est-ce que ça signifie au juste ?

« L’écologie », « l’environnement », « la pollution », et bien plus encore sont tous autant de termes que nous employons et entendons tous les jours un peu partout, au point de n’y faire plus attention laissant craindre une érosion de leur sens premier. Alors, mots galvaudés, usages erronés ou trahisons totales de sens ? Retour aux sources de ces mots courants aux cœurs d’enjeux cruciaux :

Si là, maintenant, tout de suite je vous demandais de me dire le plus rapidement possible tout ce que vous évoque le terme écologie, vous seriez très certainement en train de penser à Nicolas Hulot, à la protection des fleurs et des p’tits oiseaux ou encore aux Verts, à Greenpeace et autres organisations qui font de l’écologie politique (ça tombe bien, on en parlait récemment). Mais l’écologie ce n’est pas ça, enfin pas à l’origine. A ses prémices (comme on aurait pu le deviner au suffixe -logie), l’écologie était (et est toujours) une science. Fondée par le biologiste allemand Haeckel en 1869. Celle-ci étudie le « vivant dans son milieu », s’intéressant donc aux interactions entre différentes espèces et leur milieu mais aussi entre-elles.

Pour ce qui est de la conception écologique exprimée plus haut qui consisterait en « la préservation de quelque chose », il s’agit d’une forme que l’on pourrait qualifier d’« écologie profonde ». Celle-ci prend en réalité sa source dans des racines plus anciennes que la science écologique : l’idée chrétienne que la nature est une création divine dont l’homme est le berger chargé de sa protection. Celle-ci s’est ensuite nourrie des trouvailles de l’écologie scientifique. Les équilibres nés de l’évolution mis à jour dans les écosystèmes furent fétichisés et considérés comme immuables. L’écologisme devenant la vénération de la nature avec le statu quo comme dogme universel. Dans cette conception, l’homme devient par essence le perturbateur qui dérègle ces équilibres désormais sacrés.  Plus proche d’une morale que d’une science donc.

L’environnement quant à lui désignait à l’origine un simple milieu géographique. La définition s’est ensuite étoffée pour y intégrer tout un système de relations et de champs physiques, chimiques et biotiques également reliés avec les dynamiques spatiales mais aussi sociales et économiques. La définition commune n’en est donc pas très éloignée, n’excluant pas cet « environnement » qu’il faut protéger de l’Homme qui fait nécessairement partie de ce tout.

En ce qui concerne la nature, ce n’est pas tant le concept qui s’est trouvé changé que son application sur la réalité qui s’en trouve limité. Par sa définition la plus basique, la nature est tout ce qui est extérieur à l’homme. Le naturel désignant ce qui n’a pas été influencé par lui par opposition à l’artificiel qui est de son dû. Le problème est alors de bien savoir placer la limite entre ce qui est naturel et ne l’est pas. Et c’est là qu’apparaissent les différences entre la définition réelle et son application dans l’usage courant.

Naturellement (si je puis dire) on aura tendance à dire qu’un stylo, une maison ou des OGM ne sont pas des choses naturelles mais qu’a contrario la forêt Amazonienne, le blé ou les oiseaux le sont évidemment ; mais ce n’est pas juste dans tous ces cas. Si des plants OGM sont qualifiés d’artificiels à cause de l’action directe du génie génétique, il n’en est en réalité pas moins des plants domestiqués « naturels » que nous consommons tous les jours et qui sont le fruit – à l’instar des animaux domestiqués – d’un long processus de sélection humaine, donc artificielle. De manière générale, depuis son apparition, l’espèce humaine n’a eu de cesse d’influencer son environnement, tout comme les autres espèces – bien que ce soit à un tout autre degré je vous l’accorde –, l’anthropisation de la planète est donc un phénomène à la fois généralisé et ancien. L’idée d’une nature vierge et immuable qu’il faudrait protéger (cf. l’écologie profonde) est une conception totalement erronée.

Pour conclure j’aimerais expliciter une chose : si cet article a pour but de clarifier certains termes en rappelant leur signification originelle et l’origine de leur signification actuelle qui peut parfois ne pas sembler très glorieuse, il ne s’agit en aucun cas de disqualifier la lutte écologiste ou l’engagement pour l’environnement. Être conscient de ces origines est au contraire une force qui permet de ne pas avancer à l’aveugle avec des termes mal utilisés. D’autre part, si un engagement dans l’écologie profonde porte une morale où le bonheur humain n’est pas au centre et donc ne respire pas l’humanisme, la protection de l’environnement se justifie tout de même d’un point de vue purement utilitariste puisqu’il existe une limite de son exploitation à ne pas dépasser pour notre propre bien.  Limite que les sciences s’évertuent depuis des années à tracer et qui risque malheureusement de ne cesser de se rapprocher sans actions concrètes et véritablement efficaces.