Politique, politique et comment sauver notre espèce

Bonjour à tous ! 

Aujourd’hui, on va parler définitions, amour et avenir. Et avant que vous me le fassiez remarquer, non, il n’y a pas de faute dans le titre : il s’agit bien de distinguer deux sens de ce terme – en fait, trois, mais l’avoir écrit trois fois aurait rendu le titre peu lisible. 

Juré, avec un peu de temps on survit au surlignage. Au pire il y a la fonction d’annotation de Edge qui sert bien ici !

Voyez-vous, si je vous dis « parlons politique » vous ne serez probablement pas super enthousiaste. Vous allez probablement penser qu’il y a de fortes chances qu’on finisse par s’engueuler, ou bien que de toute façon il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, bref que c’est un sujet divisif qui ne vous intéresse pas. 

Mais que signifie vraiment ce mot ? Allons voir dans un dictionnaire, par exemple, celui du CNRTL.  Si on prend « politique » comme adjectif (ce qui est le cas ici : quand on « parle politique » on parle de la chose politique), on a trois sens qui se dégagent : 

  1. Relatif à l’état, que ça soit d’un point de vue société, toutes les interactions que vous pouvez avoir avec vos amis, vos proches, tous les choix publics que vous faites ou sur un plan administratif, la carte politique par exemple, qui ne montre pas la topographie mais les frontières.
  2. Relatif aux affaires de l’état et de leur conduite, qui est assez limpide ; une capacité politique, comme une organisation, une femme, une loi politique, s’occupe (ou concerne) des affaires de l’état. Si vous êtes tentés comme moi de penser qu’une loi est fondamentalement politique, rappelez-vous que certaines lois ne viennent pas de l’état mais d’autres structures : les lois religieuses, par exemple.
  3. Qui fait preuve d’habileté, qui est avisé dans ses rapports avec autrui, un sens beaucoup plus rare. A vrai dire, on l’emploie surtout pour parler de femmes ou d’hommes politiques (au sens 2), qui peuvent l’être à ce sens-là ou non : Donald Trump est par exemple un homme politique qui n’est pas très politique. Fun, non ? (c’est un synonyme de diplomatique, si vous préférez) 

Le premier sens recoupant potentiellement n’importe quel sujet (vous voulez parler de votre soirée d’hier ? De votre couple ? Du cours d’évolution ? De vos projets d’avenir ? Ils concernent tous la société et donc l’État), il semble donc, à la lecture de cette liste, qu’on pense surtout au deuxième sens en parlant politique : on craint et on trouve sans intérêt les organisations et individus politiques, dont on juge le comportement peu positif. 

Pour autant, et attention, transition en approche, nous sommes fondamentalement tous des femmes et hommes politiques. Le sens usuel de citoyen est en effet « Membre d’un État et qui de ce fait jouit des droits civils et politiques garantis par cet État » (CNRTL toujours). Nous avons donc la capacité politique, c’est-à-dire, celle de nous intéresser aux affaires de l’État.  

Une capacité cependant n’implique pas nécessairement la volonté de l’utiliser : j’ai la capacité de danser la macarena avec un slip sur la tête, mais pour des raisons évidentes, je ne vais pas vouloir le faire. Pourquoi, dès lors, devrions-nous nous impliquer en politique, si le comportement de ceux qui y sont n’est pas appréciable ? Parce qu’il y a une affaire d’État plus importante que les autres qui traîne en ce moment : sauver notre espèce. 

Non, l’affaire n’est pas perdue : une mise en place rapide d’une sortie des énergies fossiles a une probabilité plus que correcte de permettre de limiter le réchauffement à 1,5°C. En revanche, ce qu’il manque, c’est une volonté politique de mettre en place le processus de transition de manière rapide. En d’autres termes, ce qu’il manque, c’est nous ; voilà pour l’intérêt. 

Pour autant, vous avez probablement l’impression d’être impuissant, malgré la démonstration plus haut que nous avons la capacité à nous impliquer. C’est bien normal : on ne passe pas de citoyen lambda à citoyen impliqué en un jour. Il faut pour cela rompre avec notre méfiance instinctive des autres et notre égoïsme naturel, pour aller vers les autres et faire des choses avec eux. Commencer par des choses simples, pour se rassurer, puis aller progressivement vers du plus complexe. C’est le process que recommandent Srdja Popovic & Matthew Miller dans leur excellent (et très drôle) livre « Blueprint for Revolution: how to use rice pudding, Lego men, and other non-violent techniques to galvanise communities, overthrow dictators, or simply change the world ». 

Et c’est là, enfin, que je voulais en venir en écrivant « amour ». Plus que l’apolitisme (qui n’existe pas, on l’a vu) ce qui me semble important de cultiver, c’est l’absence de parti pris, l’« apartisanisme » ; il faut s’exercer à l’empathie et à penser comme l’autre. Bien sûr que le réchauffement climatique apporte quelques avantages à certains, et bien sûr que le statu quo plait à beaucoup. Il ne faut pas nier leur réalité mais bien essayer de leur faire percevoir les problèmes, et autant que possible de ne pas transformer le désaccord en rapport de force. 

Ce que je viens d’écrire est extrêmement compliqué à mettre en œuvre concrètement, j’en suis conscient, et je suis loin d’y parvenir toujours. Mais justement, plus nombreux nous serons à essayer et plus nous aurons de chances d’y parvenir. A ce titre, je vous parlerai prochainement de la communication non violente, qui viendra nous aider à régler ce genre de problèmes. 

Fabien Sassolas 

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