Votre cours, avec un PC ou du papier ?

La plume est plus forte que l’épée – mais qu’en est-il du processeur ?

Vous avez sans doute réfléchi à adopter ou avez décidé d’opter pour l’ordinateur en cours, comme votre serviteur ; c’est en effet pratique pour prendre des notes rapidement, suivre le diaporama, faire des recherches complémentaires éventuelles… Cependant, une étudei parue en décembre 2016, reprise par le journal ScientificAmericanii et Slateiii, réalisée par Susan M. Ravizza, Mitchell G. Uitvlugt, Kimberly M. Fenn semble apporter une réponse en faveur du bon vieux couple papier-crayon.

Ces chercheurs ont mesuré les performances scolaires de 84 volontaires, tout en leur demandant de se connecter à Internet via un serveur proxy (une passerelle entre leur ordinateur et Internet) de manière à suivre leur navigation et en leur demandant d’estimer le temps qu’ils passaient à surfer sur Internet en cours.

Des usages non-académiques en cause

Il en ressort que les étudiants de l’étude passent en moyenne 40 minutes sur 100 du temps de cours en ligne pour des usages non académiques : consultation de réseaux sociaux, vidéos sur YouTube, mails, achats sur Internet. Cet usage est associé avec un risque plus élevé d’échec aux examens.

En revanche, seulement 5 minutes en moyenne sont consacrées à des usages plus adaptés : dictionnaire, diapos en ligne, recherches complémentaires… Ce qui ne permet pas d’avancer un effet, la quantité étant trop restreinte.

Cause, ou symptôme ?

Pour creuser plus profond, les chercheurs se sont demandé si cet usage non-académique n’était pas un symptôme d’un manque d’intérêt facilitant l’échec final plutôt qu’une cause directe de l’échec ; cependant, après analyse, les personnes ayant de bons scores comme de mauvais étaient affectées également par cet usage d’Internet et en éprouvaient les mêmes conséquences. L’usage d’Internet semble donc bien être un facteur de baisse des résultats indépendants.

Quelles conclusions tirer ?

Selon les résultats, ainsi que ceux d’autres études, montrant notamment l’efficacité supérieure des notes prises à la main contre celles prises à l’ordinateur, ainsi que le fait que les utilisateurs d’ordinateurs distraits peuvent distraire leurs camarades, il semble nécessaire de reconsidérer cette décision, surtout si la concentration n’est pas votre point fort.

Par ailleurs, en France, certains professeurs d’université en appellent, après l’interdiction des portables au lycée, à celle des ordinateurs à l’universitéiv.

Alors, que choisir ? Il peut être intéressant, entre l’interdiction et le laisser-faire, d’explorer une troisième voie, celle de la reconquête de notre attention : de plus en plus d’articlesv s’alarment de la guerre livrée à notre concentration par nos appareils, qui nous bombardent de notifications conçues spécialement pour attirer notre regard, à tel point que la Silicon Valley a même commencé à réagir en proposant de nous aider à nous débarrasser du problème qu’elle a elle-même créévi.

En conclusion, silicone ou crayon de papier, à vous de voir (et arrête de lire le CQFD en cours petit sacripant !)

i : http://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0956797616677314?url_ver=Z39.88-2003&rfr_id=ori%3Arid%3Acrossref.org&rfr_dat=cr_pub%3Dpubmed&

ii : https://www.scientificamerican.com/article/students-are-better-off-without-a-laptop-in-the-classroom/

iii : http://www.slate.fr/story/148602/etudiants-mieux-travailler-sans-ordinateurs

iv : https://www.liberation.fr/debats/2018/09/18/ordinateur-a-l-universite-combien-y-a-t-il-d-etudiants-dont-on-ne-voit-jamais-les-yeux_1679549

v : https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2018/oct/14/the-lost-art-of-concentration-being-distracted-in-a-digital-world

vi : https://www.nextinpact.com/news/106568-android-p-assistant-photos-ia-au-secours-votre-bien-etre-et-google.htm pour Google par exemple