Portrait de la semaine : Maria Montessori

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Aujourd’hui : la chronique histoire « Le portrait de la semaine » sur Maria Montessori

Maria et son fils Mario

Ce nom ne vous est probablement pas inconnu. En effet, la pédagogie Montessori est une méthode d’éducation alternative, généralement pour les jeunes enfants jusqu’à 9 ans. Il existe cependant quelques collèges et lycées d’inspiration montessorienne. La scolarité des enfants ne se base pas uniquement sur des apprentissages scolaires. Les enseignements tiennent compte du rythme de chaque élève, qui peut choisir ses activités. Les enfants apprennent donc à devenir autonomes et ils doivent également s’organiser seuls. Cette pédagogie fut créée par Maria Montessori au début du XXe siècle. Je vous propose de retracer le parcours de cette femme hors du commun. 

Maria Montessori est née le 31 Août 1870 à Chiaravalle, dans la province d’Ancône en Italie. Elle est issue d’une famille bourgeoise. Lorsque Maria a 5 ans, sa famille part s’installer à Rome.  

 A l’adolescence, Maria demande à intégrer une école technique pour garçon afin d’y suivre des cours de mathématiques et de biologie. Son père, strict et conservateur, le voit d’un mauvais œil et s’y oppose dans un premier temps. En effet, à cette époque, les femmes sont soit ouvrières, soit employées, ou alors institutrices. Pour lui, le chemin de Maria est tout tracé : il souhaite qu’elle devienne institutrice. Mais Maria ambitionne de devenir médecin. Le défi est de taille, jamais aucune femme italienne n’a intégré une faculté de médecine.  

Elle intègre, non sans mal, l’Université de Rome « la Sapienza » en 1890. Elle y subit les moqueries de ses camarades masculins. Elle doit entrer après les hommes dans les amphithéâtres. Elle est exclue de certains cours comme ceux de dissection. Sa mère, de qui elle est très proche, la soutient. 

En 1896, à l’âge de 26 ans, Maria Montessori est finalement diplômée de médecine en Italie. 

Attirée par la psychiatrie, elle intègre la clinique spécialisée de Rome au sein de l’équipe d’Ezio Sciamanna dont elle a suivi les enseignements. Pendant trois ans, elle étudie le comportement des enfants handicapés mentaux, qui sont traités de « fous » et de « débiles ». Ils sont internés dans des salles communes sans aucune activité. Elle découvre à cette époque les travaux de Jean Itard, spécialiste français de la surdité et de l’éducation spécialisée, et d’Edouard Séguin, médecin français engagé auprès des enfants ayant des troubles cognitifs. Maria soutient dès lors que les solutions ne sont pas nécessairement médicales mais plutôt éducatives. En 1898, elle déclare au Congrès Pédagogique de Turin : 

« Les enfants déficients ne sont pas des hors la loi, ils ont des droits. Ils ont droit à tous les bienfaits de l’instruction. Nous devons permettre à ces malheureux de se réintégrer dans la société, de conquérir leur place et leur indépendance dans un monde civilisé retrouvant ainsi leur dignité d’être humain. ». 

On reconnaît ici les bases de sa pédagogie. 

Ses travaux doivent néanmoins être mis en suspens. Elle accouche de Mario Montessori le 10 mars 1898, qu’elle a eu avec Giuseppe Montesano, qui fut son professeur de psychiatrie pendant ses études. Cette grossesse étant hors mariage, Maria doit la cacher et accoucher à l’étranger. Mario est laissé en nourrice à la campagne pendant toute son enfance. Elle le récupèrera à l’âge de 12 ans. 

Dès 1900, Maria décide de se consacrer uniquement à la pédagogie. Elle devient directrice de la Scuola Magistrale Ortofrenica (École de maîtrise en orthophonie). Grâce à ses efforts acharnés, certains des petits dont elle s’occupe savent lire et écrire, et réussissent même des examens passés en école ordinaire. Son travail est perçu comme un miracle. Après cette victoire et pendant près de 7 ans, elle en vient à s’intéresser aux enfants qui ne présentent pas de handicap. En effet, certains élèves scolarisés dans un système d’éducation classique sont en situation d’échec. En 1907 elle crée la première Casa dei bambini (Maison des enfants) à San Lorenzo de Rome. Elle y prend en charge les enfants « normaux » de 3 à 6 ans issus des quartiers défavorisés. Avec ces enfants, elle fonde sa méthode pédagogique, la méthode Montessori. Elle laisse les élèves libres de choisir leurs activités, de manipuler pendant autant de temps que nécessaire. D’après elle, l’intelligence vient de la main. Les parents deviennent de plus en plus nombreux à vouloir lui confier leurs bambins. Les écoles se multiplient et les essais qu’elle rédige se vendent en milliers d’exemplaires.  

Les deux guerres mondiales éloignent les idéaux de respect et de tolérance que Maria essaie de développer dans ses écoles. Pendant la première guerre mondiale, elle quitte l’Italie avec son fils pour fonder une école d’enseignants aux Etats-Unis pour y diffuser sa méthode.  

Parallèlement, en 1915, la première école Montessori est créée à la Haye, aux Pays-Bas, pays qui lui restera cher jusqu’à sa mort.  

En 1929, elle crée L’association Montessori Internationale qui a pour but de promouvoir, préserver et diffuser ses principes pédagogiques. Son fils est très impliqué dans le développement de cette association et le restera après la mort de sa mère. 

Le fasciste Benito Mussolini portera un fort intérêt aux écoles Montessori. Il voit en elles un moyen d’embrigader des enfants. L’approche de l’école est basée sur le développement d’une libre personnalité ce qui est contraire aux régimes totalitaires. Il cherchera à imposer l’uniforme fasciste dans les écoles. Devant le refus catégorique de Maria de coopérer, Mussolini prend la décision de fermer toutes les écoles Montessori. Maria quitte l’Italie pour l’Espagne. Franco y prendra le pouvoir ce qui l’obligera de nouveau à se déplacer, cette fois-ci aux Pays-Bas puis en Inde en 1939. Mario l’accompagne et ne la quittera plus. Il restera le seul homme de sa vie, sa relation avec Montesano n’ayant que très peu durée. Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate, Maria et son fils sont assignés à résidence à Kodaikanal, dans l’Etat de Madras, en tant que ressortissants d’un pays ennemi. Ils en profitent pour étendre la méthode de Maria aux 6-12 ans. 

L’Italie la réhabilite en 1946 mais elle préfère s’installer aux Pays-Bas. En 1952, Maria Montessori décède dans ce pays, à l’âge de 81 ans. 

Aujourd’hui, il y a plus de 20 000 écoles Montessori sur tous les continents. En signe d’hommage, elle est représentée sur les billets de 1 000 lires italiennes. Le travail de la vie de Maria a été prolongé, notamment grâce à son fils Mario et sa petite fille, Renilde Montessori. 

Eve Poulallion

Sources : 

Femme actuelle  ; Association Montessori de France ; Wikipedia ; Donna Moderna  ; Nostrofiglio 

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