L’e-waste: décryptage
Le CQFD s’associe avec l’association écologiste de la Doua : AVANZA pour décrypter des problématiques écologiques.
Aujourd’hui : le gaspillage et les pollutions liées au nouvelles technologie, l’e-waste
En quoi consiste l’e-waste ?
Avec la démocratisation et l’essor du marché de la technologie moderne, on a tendance à oublier qu’elles aussi (les technologies modernes) produisent des déchets. Pourtant, ces derniers peuvent être responsables de bien des nuisances tant au niveau environnemental qu’au niveau sanitaire. Ce phénomène porte un nom : l’e-waste.
Le e-waste peut être défini comme l’ensemble des équipements électroniques et technologiques modernes jetés aux ordures bien qu’ils soient encore utilisables et/ou recyclables. C’est un phénomène qui a eu tendance à s’amplifier ces dernières années. Et la raison est simple : l’avancement technologique de plus en plus important.
Dans un monde toujours plus interconnecté, les technologies se sont diversifiées et ont évolué à un rythme intense. Cela a provoqué le renouvellement perpétuel d’équipements à la fois électroménagers et électroniques. Ce renouvellement provoque un épuisement de nos ressources précieuses (métaux rares par exemple). Il est également responsable de la détérioration de notre environnement, d’un gaspillage excessif et cause parfois des troubles sanitaires.
Pour éviter ces nuisances et appliquer quelques principes permettant de réduire l’e-waste, une charte a été rédigé. Le Electronic Waste Recycling Act of 2003 définit les grandes lignes du recyclage et du traitement des déchets électroniques. On distingue 3 principes qui englobent cet acte juridique :
- Réduire (reduce)
- Réutilisabilité (reuse)
- Recyclage (recycle)
Nous expliquerons davantage ces principes dans les paragraphes qui suivent.
Quelles sont les causes de l’E-waste ?
Les origines des déchets induits par ce gaspillage électronique peuvent être attribuées à deux principales causes:
L’innovation constante et les publicités en vantant les mérites envahissent notre société et incitent les ménages à renouveler constamment leurs équipements. Ce renouvellement n’est pas dû au fait qu’un produit soit inutilisable mais au fait qu’il soit obsolète en termes de tendance. On ne parle pas ici d’obsolescence (programmée) technique mais d’une obsolescence marketing, programmée elle aussi.
L’ »obsolescence programmée » que nous connaissons tou.te.s a cependant elle aussi sa part de responsabilité dans les déchets provoqués par l’e-waste.
En effet, les géants de la technologie programment la fin de cycle de leurs produits. Ils créent ou mettent simplement à jours leurs systèmes avec de nouvelles applications (Exemple : l’Iphone et la reconnaissance faciale, cette fonctionnalité n’est pas forcément nécessaire au fonctionnement de l’appareil). L’objectif de cette stratégie est de pouvoir continuer à vendre davantage de produits en prétextant que les anciennes versions sont obsolètes. Ainsi, les consommateurs se sentent obligés de se procurer un équipement dernière génération alors que le leur est finalement en parfait état.
Quelles sont les conséquences ?
A première vue, on pourrait penser que le e-waste n’est pas si nocif. Mais si l’on regarde d’un peu plus près, on peut s’apercevoir qu’il est source de bien des ennuis environnementaux et sanitaires.
En effet ,la plupart de ces produits sont toxiques et dangereux pour l’homme. La pollution des eaux et de l’air par des composés chimiques comme le Mercure par exemple, entraine des problèmes respiratoires et d’autres troubles sanitaires.
Quelle évolution pour l’e-waste ?
Aujourd’hui, l‘e-waste ne cesse d’augmenter et la part de recyclage n’est pas aussi importante qu’on pourrait le croire. Selon Global E-waste Monitor, on constate que le nombre d’appareils jetés aux ordures est de 50 millions de tonnes. Parmi ces 50 millions 20% seulement sont recyclés. Cette part demeure trop faible et une remise en question de la part des ménages est nécessaire à l’augmentation de ce pourcentage.
Si les chiffres actuels sont peu rassurants, alors les prévisions le sont encore moins. D’après les Nations Unies, le nombre de déchets passera à 120 millions de tonnes en 2050, soit 58.33 % de plus par rapport à 2020. Or si le pourcentage de produits recyclés n’évolue pas, on atteindra 96 millions de tonnes de déchets non recyclés ! Rendez-vous compte, cela fait 120 millions de tonne. C’est-à-dire l’équivalent de 60 millions de monospace. Une quantité astronomique qui pourrait être évitée par la responsabilisation de chacun et l’adoption d’une attitude écologique.
Comment pouvons-nous agir contre l’e-waste ?
Dans la lutte pour la préservation de l’environnement, nous nous devons de prendre des mesures et d’agir sans tarder.
Afin de faire cela, plusieurs solutions existent. La première consiste à sensibiliser la population au recyclage de leurs équipements électroniques. En ouvrant par exemple toujours plus de chaînes de réparation/réutilisation/recyclage de ces appareils (comme par exemple des repair’café ou en achetant d’occasion). Ou bien encore à produire des appareils constitués de produits non toxiques ce qui limiterait alors l’impact sur la santé.
Par ailleurs, en encourageant les ménages à privilégier le reconditionné au lieu du neuf, la part de déchets diminuerait considérablement. De même, en incitant ces-derniers à vendre ou bien à faire don de leurs matériels à des professionnels du reconditionnement, cela aurait un impact favorable sur la protection de l’environnement.
Enfin, les réglementations et les textes de lois pourraient contraindre les entreprises à mettre en place des dispositifs contre l’e-waste. Le Extended Producer Responsibility (EPR) notamment, créé en 2001 impose aux fabricants de mettre en place des systèmes pour collecter du matériel usé.
Par ailleurs, les gouvernements français, américains et canadiens se sont mobilisés pour faire établir de nouvelles lois dans leurs pays : aux Etats-Unis, 25 Etats ont adopté des règlementations qui reprennent l’EPR et 23 d’entre eux l’ont incorporé dans leurs textes de lois.
L’Union européenne a également tenu à sanctionner ces pratiques en restreignant certains l’usage de composants toxiques et en interdisant l’exportation de déchets électroniques nocifs. Ces règlementations sont valables aussi bien en-dehors qu’à l’intérieur de l’UE.
De l’autre côté de la planète, la Chine est entrée dans ce mouvement en adoptant la même démarche que l’UE. Toutefois, elle se focalise davantage sur l’importation et impose aux usines d’avoir un permis afin de disposer de déchets électroniques. Les usines sont également tenues pour responsables du traitement de leurs déchets.
Apple illustre parfaitement ce mouvement. Sur son site internet, la multinationale annonce avoir pris plusieurs mesures pour réduire l’impact de l’e-waste. En 2018, c’est 1 049 évaluations qui ont été réalisées par la firme dans 45 pays. La société américaine ne s’arrête pas là et a décidé d’étendre son programme de recyclage. : elle encourage ses clients à se rendre en boutique pour rendre leurs produits obsolètes en échange d’une carte cadeau. Une fois le produit retourné, sa valeur sera estimée et mise sur votre carte. De son côté Apple récupère alors l’ancien équipement pour en réutiliser les composants. Toujours sur son site, la firme estime à près de 1 million le nombre d’appareils récupérés et 7.8 millions celui d’appareils reconditionnés en 2018.
On voit à travers l’exemple de Apple mais aussi par les manœuvres menées par les gouvernements actuels les principes énoncés précédemment à savoir réduire, réutiliser et recycler.
Conclusion
Cette approche de la technologie moderne doit nous permettre de nous remettre en question sur le plan écologique mais aussi en tant que consommateur. En effet, les prises d’initiatives ne doivent pas venir uniquement de nos gouverneurs mais aussi de nos consciences afin d’effectuer de meilleures actions. Désormais, nous pouvons constater que respecter l’usage de nos technologies revient à respecter notre environnement et à agir en citoyen responsable.
Ainsi, si vous vouliez vous offrir le dernier Samsung ou encore un nouveau robot kitchenAid, peut-être serait-il encore temps de réfléchir au choix que vous allez faire…
Yacine Tazdait
Sources :
https://www.calrecycle.ca.gov/electronics/whatisewaste
https://www.britannica.com/technology/electronic-waste
https://time.com/5594380/world-electronic-waste-problem/
https://en.wikipedia.org/wiki/Extended_producer_responsibility
https://www.sustainability.vic.gov.au/Campaigns/eWaste/What-is-ewaste
https://www.tradediscount.com/guide-dachat/dechets-electroniques-pollution-record-2016/
https://www.adepem.com/blog/le-droit-de-reparer-quelques-chiffres-sur-les-dechets-electroniques/
https://youmatter.world/fr/e-dechets-electroniques-electriques-obsolescence-afrique/
https://www.iberdrola.com/environment/what-is-e-waste
https://time.com/5594380/world-electronic-waste-problem/
https://www.apple.com/newsroom/2019/04/apple-expands-global-recycling-programs/